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Le 3 août 1881, Alphonse MAILLY, organiste du Roi et professeur au Conservatoire de Bruxelles, a inauguré l’orgue de l’église St-Nicolas, reconstruit par Pierre SCHYVEN.
Le programme de son récital n’a pas été retrouvé.
Par contre, l’ouvrage de Jean-Pierre FELIX consacré à MAILLY rassemble plusieurs programmes contemporains et permet de se faire une idée de son répertoire lors des inaugurations.
Les pièces n° 1, 2, 4-7, 9 et 10 en font partie.

Le 25 septembre 1981, Léon KERREMANS avait donné un récital ici-même pour fêter le centenaire de la reconstruction de l'orgue.
Les pièces 4-7, 12 et 13 faisaient partie du programme.

  Johann Sebastian BACH (1685-1750)  
1. Toccata et Fugue en ré mineur, BWV 565 7’58
  Giovanni Battista MARTINI (1706-1784)  
2. Gavotte 2’30
  Antoine CALVIÈRE (1695-1755)  
3. Pièce d’orgue en mi mineur 2’02
  Félix MENDELSSOHN (1809-1847)  
  6e Sonate  
4. Choral : Variations 1 et 2 3’09
5. Variations 3 et 4 3’50
6. Fugue 2’15
7. Andante 1’52
  Antoine Édouard BATISTE (1820-1876)  
8. Grand Offertoire de Sainte Cécile n° 2 en Ré Majeur op. 8 9’11
  Alphonse MAILLY (1833-1918)  
9. Pâques fleuries 3’12
10. Marche solennelle 4’45
  Eugène de BRICQUEVILLE (1854-1933)  
11. Étude en forme de danse ancienne pour pédalier d’orgue 3’01
  Charles-Marie WIDOR (1844-1937)  
12. Andante cantabile, de la 4e Symphonie op. 13 n° 4 4’00
13. Allegro, de la 6e Symphonie op. 42 n° 2  8’10
  Traditionnel  
14. El Doudou 3’23
    59’23

     

1. Johann Sebastian BACH (1685-1750)
Toccata et Fugue en ré mineur, BWV 565

Il s’agit de l’œuvre la plus populaire de BACH, et même de toute la littérature d’orgue.
Il faut oublier de l’avoir trop entendue pour redécouvrir l’audace et l’intensité dramatique de la Toccata, qui a dû terrifier les auditeurs de l’époque.
La Fugue, avec sa ligne mélodique fluide, rappelle l’écriture des instruments à cordes.
On remarquera l’influence manifeste de BUXTEHUDE, pour qui BACH avait fait à pied le voyage de Arnstadt à Lübeck, afin de parfaire sa formation.

L’interprétation de ce soir tentera de faire la moyenne entre le style baroque de l’œuvre et les ressources romantico-symphoniques de l’orgue de St-Nicolas.

2. Giovanni Battista MARTINI (1706-1784)
Gavotte

Giovanni Battista MARTINI, nommé aussi le Padre MARTINI était un compositeur et théoricien de la musique italien.
Homme très cultivé, il était chanteur, claveciniste, violoniste, théologien, prêtre, mathématicien et philosophe.
Il se lia d'amitié avec le pape Clément XIV, Frédéric-Guillaume II de Prusse, mais aussi avec MOZART jeune, qui l'estimera toute sa vie. Ses relations lui firent parvenir de nombreux documents, à tel point que sa bibliothèque comptait dix-sept mille ouvrages.

Il composa de la musique religieuse ainsi que des sonates pour clavecin et pour orgue dont certaines dans un style contrapuntique proche de J. S. BACH .

La Gavotte est extraite de la 12ème Sonate pour orgue, publiée en 1742. Elle est présentée ce soir dans la version d’Alexandre GUILMANT, telle qu’il la jouait vers 1880 en concert au Trocadéro à Paris.
Elle permettra d’entendre les jeux de Nazart et de Quinte, reconstitués lors de la restauration.

3. Antoine CALVIÈRE (1695-1755)
Pièce d’orgue en mi mineur

Disciple spirituel de François COUPERIN, célèbre et talentueux, Antoine CALVIÈRE fut l’un des organistes de Notre-Dame de Paris. De ses compositions, il ne nous reste qu’une seule pièce d’orgue non autographe et d’attribution plus que douteuse.
En effet, c’est le musicologue montois François-Joseph FÉTIS qui a publié cette pièce dans son recueil “La Science de l’Organiste”.
Il est plus que probable qu’il l’ait écrite lui-même, l’ajoutant ainsi à ses nombreux pastiches, caractérisés par leur décalage historique innocent.
Cette page charmante, avec son petit côté larme à l’œil à la Jean-Jacques ROUSSEAU, prend la forme d’une Romance en duo.
Elle permet de mettre en valeur les deux Cornets et le Cromorne.

4. Félix MENDELSSOHN (1809-1847)
6ème Sonate
Choral avec variations, Fugue et Finale Andante

C’est en été 1831 que MENDELSSOHN a commencé à s’intéresser à l’orgue dans le but d’approfondir sa connaissance des œuvres de J. S. BACH.
De cet amour pour l’œuvre du Cantor sont nés les trois Préludes et fugues et les six Sonates.
Cependant, MENDELSSOHN n’a pas composé ces œuvres comme des exercices dans le style ancien: il a plutôt tenté de montrer les anciennes formes d’écriture à la lumière d’une conception nouvelle.

La sixième Sonate date de 1843.
Elle est bâtie sur le choral luthérien ”Notre Père dans le Royaume des Cieux”.
Après l’énoncé du thème du choral, trois variations contrapuntiques précèdent une quatrième en forme de toccata.
Une fugue grave utilise également le thème du choral.
La Sonate se termine dans la douceur contemplative d’un Andante.

5. Antoine Édouard BATISTE (1820-1876)

Grand Offertoire de Ste Cécile n° 2 en Ré Majeur op. 8

Antoine Édouard BATISTE fut le condisciple de César FRANCK, de Louis Alfred James LEFÉBURE-WELY, de Camille SAINT-SAËNS, de Théodore DUBOIS et de Charles Valentin ALKAN dans la classe de François BENOIST au Conservatoire de Paris.
Après avoir été organiste de l'église St-Nicolas-des-Champs, il fut nommé titulaire du grand orgue DUCROCQUET de l’église St-Eustache.
Il fut également professeur de solfège au Conservatoire.
Il a laissé de nombreuses pages pour l'orgue.
C’est dans les Offertoires que se manifeste tout le talent du compositeur.
Voici ce qu’écrit à ce propos l'abbé PLY, auteur d'un ouvrage sur les orgues de St-Eustache: "BATISTE, ménager de son idée, l'exprime d'abord avec discrétion; puis il la développe peu à peu, l'embellit, la décore de toutes les richesses qu'elle peut revêtir, jusqu'à ce qu'enfin, comme forcé par elle et impuissant à la contenir, il la laisse éclater dans toute sa splendeur."
La musique de BATISTE, fort proche de celle de LEFÉBURE-WELY, est caractéristique du style "Second Empire".

Au cours de cet Offertoire, les jeux de Clarinette, de Cromorne, de Hautbois, de Voix humaine et de Flûte harmonique seront mis en valeur, ainsi que le Grand Chœur de jeux d’anches.

6. Alphonse MAILLY (1833-1918)
Pâques fleuries

Alphonse MAILLY fut très actif à Bruxelles à son époque.
Il fut d’abord nommé organiste de l’église Notre-Dame du Finistère en 1856, et ensuite de l’église des Carmes en 1869.
La même année, il devint professeur d’orgue au Conservatoire Royal de Musique de Bruxelles, où il forma de brillants disciples.
Il a inauguré de nombreux orgues MERKLIN, SCHYVEN et VAN BEVER en Belgique.
Il fut également l’organiste du Roi Léopold II.

Pâques fleuries est une curieuse pièce un peu nostalgique dans laquelle un chœur de Voix humaines avec Tremolo soutient un solo de Viole de Gambe à la main gauche. Alphonse MAILLY a souvent joué cette pièce dans son église, de sorte qu’elle reçut le surnom d’Hymne national des Carmes.

7. Alphonse MAILLY (1833-1918)
Marche solennelle

Délicieusement désuète, la Marche solennelle était probablement destinée à accompagner l’un ou l’autre cortège officiel ou religieux en l’église royale Notre-Dame de LAEKEN.
La partie centrale très lyrique, jouée sur les jeux de Fonds mêlés au Basson-Hautbois, contraste avec les parties extrêmes d’allure martiale, voire même militaire, jouées sur le Grand Chœur.

8. Eugène de BRICQUEVILLE (1854 - 1933)
Étude en forme de danse ancienne pour pédalier d’orgue

Né à Avignon, le Comte de BRICQUEVILLE appartenait à une vieille famille normande, descendante par les femmes de Louis VI le Gros, roi de France au début du XIIème siècle.
Son importante collection d’instruments de musique anciens a fait l’objet d’un Catalogue imprimé.
Il travailla l’orgue avec Eugène GIGOUT à Paris.
À Paris, il inaugura l’orgue ABBEY de l’Exposition Universelle de 1900 au cours d’une séance présidée par SAINT-SAËNS, ainsi que celui de l’église Saint-Denys-de-la-Chapelle en 1901.
À partir de 1897, il joua l’orgue de la chapelle du château de Versailles durant une vingtaine d’années.
Pour l’orgue, outre un Grand Chœur, il composa cette Étude dédiée à René VIERNE, éditée en 1898. Il s’agit d’une des rares œuvres pour le pédalier seul à cette époque.

9. Charles-Marie WIDOR (1844-1937)
Andante cantabile, de la 4ème Symphonie

Né à Lyon, fils et petit fils de facteurs d'orgues, WIDOR vint à Bruxelles travailler l'orgue avec LEMMENS et la composition avec FÉTIS.
Il prit part à l’inauguration de l’orgue de Notre-Dame de Paris en 1868.
Il sera ”organiste provisoire” de l’église St-Sulpice à Paris de 1870 à 1933.
À la mort de César FRANCK, en 1890, il prit la direction de la classe d'orgue du Conservatoire de Paris et en modifia l’objectif pédagogique en privilégiant la technique d'exécution, que son prédécesseur avait négligée au profit de l'improvisation.
Il posa ainsi les bases d'une école qui ne tarderait pas à devenir l’une des premières du monde.

S'inspirant des formes classiques en y mêlant parfois un peu de contrepoint, WIDOR disait s’être laissé guider par les sonorités de son orgue CAVAILLÉ-COLL de St-Sulpice pour composer ses dix symphonies.

Caractéristique du style ”Second-Empire”, l’Andante cantabile, extrait de la quatrième symphonie, est en fait un Andante varié, composé de trois refrains joués sur la Voix céleste et de deux petits couplets où apparaît la Trompette harmonique du Récit. Le dernier refrain présente la Flûte harmonique du Grand-orgue en solo.

10. Charles-Marie WIDOR (1844-1937)
Allegro, de la 6ème Symphonie

La Sixième symphonie fut créée le 24 août 1878 lors des concerts d’inauguration du Trocadéro à Paris.
L'Allegro est très impressionnant de par la solidité de sa structure.
Le motif initial est utilisé de nombreuses fois au cours de l'œuvre, se superposant à un second motif plus volubile.

 

El Doudou

D’origine militaire, l’air populaire du Doudou est l'hymne officiel de la ducasse de Mons.
Il relate le combat de saint Georges contre le dragon qui terrorisait la région au Moyen-âge.
En guise de Bis lors du récital d'inauguration de l'orgue de l'église St-Nicolas, Léon Kerremans en a présenté une paraphrase en clin d'oeil au cours de laquelle le thème apparaît transformé en mode mineur, et même en mode oriental.


 

 

 

 

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